vendredi 13 mai 2011

FLAM, les hommes qui peuvent compter : Kaaw Tokossel Touré.

Ce natif de Djeol fait partie de la jeune génération qui arrive juste après les pionniers qui ont crée et lancé les FLAM pour publier ensuite le Manifeste du Negro africain opprimé en 1986. Kaaw Tokossel Touré est alors jeune élève au lycée de Kaédi. Avec d’autres jeunes négro-africains membres ou non des FLAM, la contestation s’organise après les vagues d’arrestations de la fin de l’année 1986. Plusieurs lycéens sont arrêtés et conduits au poste. Kaaw Touré en fait partie. Interné au poste de gendarmerie de Kaédi, il subit comme tous ses compagnons et comme il était de commune avec la police de Ould Taya, des séances de torture. La détention durera quelques mois. A la sortie de prison, des jeunes lycéens s’apprêtent à organiser d’autres manifestations. Parmi eux, Bocar BA, Habibou Wone dit Philo, Ousmane Diallo dit Ousmane Soyo, Ousmane Kamara dit Ousmane Ndiyam Jeeri, et d'autres dont Poullori ne se rappelle plus le nom. Kaaw Touré est de nouveau de l’aventure. Mais à la veille, ayant eu vent de rumeurs faisant état dune nouvelle arrestation, Kaaw Touré et Ousmane Kamara traversent discrètement le fleuve et se retrouvent du côté sénégalais. C’est le début d’un long exil qui continue encore. A Kaédi, des compagnons de Kaaw Touré sont arrêtés et torturés, comme Habibou Philo Wone dont la famille sera déportée d’ailleurs quelques années plus tard. Les plus âgés n’ont guère plus de vingt ans, la plupart entre 17 et 18ans. Age précoce mais courant dans des situations où la répression et les injustices opèrent comme de puissants accélérateurs de maturation.
A Dakar, le jeune Kaaw Touré rejoint les structures de l’Organisation qui prennent le relais de la direction décapitée. Un noyau mène de façon collégiale la politique des FLAM autour de Cherif Ba, Boubacar Diagana et Ciré Bâ. Ce dernier s’occupe, en outre, de la communication et fait office de porte-parole de l’Organisation. A ses côtés Kaaw Touré fait ses premiers pas comme adjoint à la communication. La distribution des communiqués et certaines missions dans les camps lui sont confiées. Kaaw Touré s’en acquitte avec enthousiasme et bonheur. Ceux qui ont connu l’enfant de Bilbassi durant ces années le décrivent comme un monsieur souriant, courtois, disponible, toujours de bonne humeur et à la vie simple.
Début des années 90, les détenus de Oualata sont libérés après avoir payé un lourd tribut, laissant sur place quelques compagnons de route (Tène Youssouf Guèye, Ba Oumar, Ba Abdoul Khouddouss paix à leur âme). Samba Thiam rejoint Dakar tout comme Mamadou Sidi Bâ, ardent défenseur du centralisme démocratique, Pâthé Bâ et Mamadou Bocar Bâ. Au congrès de Dakar, le premier prend la tête du mouvement avec l’appui décisif du second et instaure une direction verticale qui remplace la coordination collégiale. Bienvenue au centralisme démocratique. Exit donc Cherif Bâ, Boubacar Diagana et Ciré Ba qui prennent plus tard le chemin de l’Occident.
Le jeune Kaaw Touré se voit alors confier plus de responsabilités. L’activisme des FLAM prend une ampleur telle qu’elle en arrive à gêner les relations entre la Mauritanie et le Sénégal. La presse sénégalaise relaie abondamment des rumeurs d’extradition qui menacent de frapper le porte-parole des FLAM. Kaaw Touré vit une nouvelle clandestinité dans la clandestinité et joue à cache-cache avec les autorités sénégalaises.  L’affaire connaît son épilogue avec une extradition vers…la Suède en 1999.
En Europe, Kaaw Touré poursuit son engagement comme à Dakar. Le boom d’internet lui donne l’occasion d’amplifier le combat. C’est alors que nait le site flamnet pour diffuser la propagande de l’Organisation. C’est même le seul vrai instrument vivant et fonctionnel aux mains des FLAM aujourd’hui, surtout auprès de la diaspora et de l’élite ayant accès aux moyens de communications modernes. Mais c’est aussi de là que démarre la transformation de Kaaw Touré.
Aux côtés du Kaaw Touré affable et courtois de Dakar, nait et grandit progressivement un Kaaw Touré virtuel qui ne s’embarrasse pas de certaines règles de courtoisie, d’éthique et de bienséance. Le Kaaw Touré de Kaédi et de Dakar a eu des lauriers pour ce qu’il est et vaut : un combattant sincère, engagé, tout dévoué à La Cause, non parce qu’il est supérieur ou plus engagé que d’autres. Le Kaaw Touré virtuel doté d’un outil à double-tranchant se laisse griser petit-à-petit. Le site devient un ring virtuel où des cagoulés professionnels (Poullori en connaît un rayon kay) viennent copieusement injurier sans limites des personnes qui n’ont que le tort de choisir des chemins différents. Le Kaaw Touré réel a beau jeu d’appeler les victimes pour jurer son impuissance devant la religion de la liberté d’expression, trop facilement assimilée en l’occurrence à la liberté de diffamer et d’injurier. Ou même de prendre un malin plaisir à se prêter lui-même au jeu des pseudos multiples au point se s’y perdre parfois.
Pourtant Poullori sait que ce n’est pas si compliqué que ça de refuser de publier un article. Il suffit juste à Kaaw Touré de faire exactement comme il l'a fait avec certains articles de Poullori. Ce n’est pas plus compliqué. Sa responsabilité reste très largement engagée. Quoi qu’il voudra en dire, Kaaw Touré restera le principal responsable des dérives observées sur le site et il aura fort à faire pour se débarrasser de cette image. Ce qui est reproché à Kaaw Touré ce n’est pas de laisser les opinions s’exprimer librement -bien au contraire- mais bien de laisser proférer des injures sur la vie privée, l’invective, l’agression et un climat de terreur pour tout celui qui a l’outrecuidance de penser différemment.
Avec flamnet, bien souvent l’énergie a plus été dirigée vers des adversaires putatifs que vers des ennemis réels et identifiables. Avec cet épisode, Kaaw Touré s’est fait trop d’ennemis pour pouvoir conduire les affaires des FLAM dans un esprit apaisé et consensuel.
Mais comme Poullori l’a écrit plus haut, l’enfant de Bilbassi a énormément donné à La Cause. Cela ne le dédouane pas cependant de l’obligation de monter la garde pour éviter la dispersion des forces. Poullori dira même que compte tenu de son passé et de son apport, Kaaw Touré se doit de montrer le chemin en faisant comprendre aux tireurs embusqués que les FLAM ne tirent aucun intérêt à s’associer ou à laisser courir des pratiques aussi contestables.
Il n’y aucun doute que malgré cette tâche sur son parcours, le guide de Bilbassi est appelé à jouer un rôle majeur dans les FLAM d’après congrès. Mais à moins de changer son fusil d’épaule, Poullori s’interroge sur l’opportunité de lui laisser la gestion du site. Poullori reconnaît que le site est «l’enfant» de Kaaw Touré. Mais il est peut-être plus opportun de confier son évolution à quelqu’un de moins marqué par les conflits qui ont parcouru la vie de flamnet depuis sa naissance. Ces mêmes conflits qui assombrissent les chances pour Kaaw Touré d’être le président qui va amorcer le rapprochement avec les organisations sœurs qui poursuivent le même objectif. Si bien sûr telle était l’orientation retenue par le congrès.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire