mercredi 1 août 2012

Retour des FLAM : l’occasion d’un débat sur la Cohabitation nationale en Mauritanie

Comme Poullori  l’écrivait dans son dernier article, le retour des FLAM est un événement majeur et une décision courageuse à saluer à sa juste mesure. Voilà une organisation dont les membres ont été contraints à l’exil juste pour avoir demandé la Justice et l’Égalité entre les citoyens de la Mauritanie.

Ce retour tombe à point nommé parce que ceux qui contrôlent le pouvoir en Mauritanie ne savent pas partager et ne se gênent pas pour purger le pays de sa dimension multiculturelle. Ils n’ont que faire de cet adage qui dit que « le foi muni d’une paire d’yeux n’est pas agréable à manger ». Les racistes chauvins qui contrôlent le pouvoir tout comme leurs soutiens ne s’embarrassent pas de protocoles pour leurs « frères » et « voisins » négroafricains de Mauritanie. Ils prétendent que nous avons tout partagé et que nous sommes « obligés » de vivre ensemble. Pourtant, ils manifestent plus de solidarité envers les Palestiniens, les Libyens… On en a même vu récemment qui célébraient le 60eme anniversaire de la Révolution égyptienne ou l’arrivée au pouvoir des islamistes en Égypte et en Tunisie.

Pendant ce temps, les thèmes portant sur le racisme et la cohabitation nationale sont relégués au second plan. Les voix qui dénoncent le caractère raciste du système politique mauritanien et qui militent pour un débat franc sur la Cohabitation entre les différentes composantes nationales sont de moins en moins audibles. Principalement d’ailleurs parce que certains avaient pensé opportun de délaisser ces thèmes centraux au profit d’une question sociétale importante mais conjoncturelle qu’est la douloureuse question de l’esclavage. Il n’est donc pas trop tôt de revenir aux fondamentaux et de se recentrer sur les débats qui posent la question centrale de la base sur laquelle tous les segments de la population, toutes les nationalités du pays doivent tisser leurs relations. Le retour des FLAM en terres mauritaniennes sera donc un apport non négligeable pour amorcer ce tournant.

Il y a là une belle occasion de rassembler toutes les voix qui ont perpétué le combat initié à la veille de l’indépendance. Des générations leur ont emboité le pays avant la naissance des FLAM. D’autres ont renforcé le mouvement et les FLAM ont apporté une contribution essentielle à la conceptualisation et à la médiatisation de la question. Malheureusement, les vicissitudes de la vie des mouvements politiques ont conduit certains des principaux animateurs du mouvement à suivre d’autres chemins. Wuuriima tan kono rufaani (ils ont trébuché mais n’ont pas chuté). 

L’idéal serait que toute la mouvance qui a porté ce combat se retrouve à l’occasion du retour des FLAM pour faire le point et fixer le cap. Cette mouvance n’a pas droit à l’erreur. L’élan ne doit pas être brisé et l’événement doit être dignement préparé et réussi. Il faut que tout le monde mette ses ressentiments et ses rancœurs de côté et qu’un accueil digne de ce nom soit réservé à ces dignes fils du pays si longtemps tenus éloignés de leur pays d’origine. Le monde entier aura les yeux rivés sur la Mauritanie lors du retour des FLAM. C’est une occasion rare de mettre en avant la question de la Cohabitation. 

C’est pourquoi, Poullori suggère aux Mauritaniens, quelle que soit leur sensibilité, de s’organiser pour préparer ce retour. Charité bien ordonné commençant par soi-même, il faut que les Mauritaniens de la diaspora qui ont côtoyé les FLAM, mettent sur pied des comités de préparation du retour des FLAM. Dans chaque pays à forte concentration de Mauritaniens. Ces comités auront pour charge de collecter les dons et les contributions qui serviront de base au débat sur les enjeux et les formes de la cohabitation. 

En Mauritanie, les organisations de la Mouvance (AJD/MR, PLEJ, MPR…) et les autres partis politiques sensibles à la question de l’Unité nationale doivent préparer de façon opérationnelle l’événement. Faute d’un débat public (comme le veut toute démocratie qui se respecte) sur la question de la Cohabitation et de la juste répartition des responsabilités et des droits en Mauritanie, il n’est pas possible de vivre en paix et en harmonie. Les FLAM y ont toute leur place.

Poullori Galo Hawa