«Les FLAM nées en Mauritanie avaient pour vocation de lutter à l’intérieur du pays. L’exil étant dû seulement à la violence de la répression qui a frappé notre mouvement. Nous ne pouvions pas conditionner le retour de notre organisation à l’intérieur par la résolution des problèmes posés à notre pays. Nous sommes des acteurs politiques et non des spectateurs et notre rôle est de combattre avec les forces du progrès pour trouver des solutions rapides aux problèmes posés et hâter le changement.» (Source: ocvidh)
Cette déclaration de Mamadou Bocar Ba (Mamadou Baayel ou Prof pour les intimes), ajoutée à la déclaration de Boubacar Diagana à la veille du Congrès de Cincinnati résume la complexité du dilemme qui ronge les FLAM depuis la chute du dictateur Ould Taya. Doué d’ une capacité d’analyse et d’un sens politique majeurs, Mamadou Bocar Baba a tout de suite compris l’opportunité que le départ de ould Taya ouvrait aux FLAM : porter le combat sur le terrain au plus près des populations dont le mouvement défendait les droits. Mamadou Bocar Ba a payé cher pour savoir s’adapter aux situations.
Cet ingénieur d’application et professeur de Mathématiques (avant de devenir inspecteur de l’enseignement secondaire comme Samba Thiam, Oumar Moussa Ba et feu Seydou Kane) est allé au contact du danger à la faveur de l’arrestation des cadres du mouvement FLAM en 1986. Rentré d’une formation en France, Mamadou Bocar n’écoute que son cœur et anime activement le comité de soutien aux cadres négro-africains après la première vague d’arrestations de 1986. C’était suffisant pour se faire accuser de flamiste (l’insulte suprême à l’époque aux yeux des extrémistes arabes). Prof atterrit alors à Oualata où il séjourne de 1986 à 1989. Malgré la dureté des épreuves et les affres subies, Mamadou Bocar sort de prison convaincu de la justesse de son combat sans verser dans la haine tout en ne concédant rien sur les revendications fondamentales de l’organisation. Prof est de ce point de vue l’exemple type de la tolérance et de l’aptitude à pardonner à condition que le respect soit réciproque.
Plus tard, pour les besoins de la lutte, Mamadou Bocar rejoint Dakar pour renforcer le front à sa sortie de prison. Il se voit confier les finances de l’organisation, poste sensible s'il en est, de 1991 à 1997 date de son départ pour la France. Il fallait voir comment Prof avait réussi à faire de sa demeure un lieu où se rencontraient les mauritaniens exilés partageant souvent le même repas (maudite soit l’ingratitude du ventre !), faisant et défaisant le monde autour du thé. C’est qu’il avait compris qu’être leader et prendre en charge la cause de tout un peuple supposait un minimum de sociabilité et d’accessibilité à l’endroit de ceux dont on prétend défendre les intérêts. C’est en 1998 qu’il hérite des relations extérieures des FLAM jusqu’à son départ fracassant en 2006.
Tous ceux qui l’ont vu à l'œuvre sont unanimes à dire que s'il y a un homme qui a su polir l'image des FLAM au point de les rendre presque sympathiques aux yeux de leurs partenaires les plus réticents de l’opposition à Ould Taya c’est bien Prof Mamadou Bocar Ba ! C’est que l'homme incarne au plus haut point la pondération, la patience, le sens de la diplomatie et la courtoisie au point que c’est à la surprise générale que beaucoup de personnes apprirent son départ de cette organisation qu’il servit avec abnégation plus de deux décennies. Qu’est-ce qu’il n'a pas avalé comme couleuvres quand, négociant au nom de son organisation au sein de structures multipartites il devait revenir sur un accord juste parce que ses camarades de l’organisation l'avaient déjugé sur des points parfois sans enjeux ! Ni les vexations, ni les humiliations ne l'avaient poussé à renoncer à sa tache. Cette attitude lui avait valu la compréhension et la sympathie de ses compagnons des autres organisations sœurs de même que de gentilles moqueries sur le crédit qu’il fallait accorder à sa signature. Son départ des FLAM fut un énorme choc et une grande perte.
Ombre au tableau : malgré la présence médiatique déterminante qu’il sut donner aux FLAM/Rénovation, il ne put en faire une organisation indépendante et influente. A moins que le choix de rejoindre AJD pour fonder AJD/MR ne réponde à un besoin de rassembler les forces de la famille. Auquel cas, le départ des dissidents de AJD/MR à la suite du coup d’Etat contre Sidi Ould Cheikh Abdallahi sonnerait comme un échec pour celui qui est devenu un des hommes clefs du parti dirigé par Ibrahima Moctar Sarr, au point d’être le principal négociateur du parti pour parvenir à un accord consacrant l’entrée de l’AJD/MR dans la mouvance présidentielle. Mamadou Bocar qui sait ce que c’est qu’être incompris, aurait pu mettre à profit son expérience pour éviter à AJD/MR ce que les FLAM n'ont pas pu faire avec lui : retenir l’équipe soudée quand des divergences apparaissent et que la tempête gronde. Son retour au FLAM relèverait de la politique fiction. A moins qu’un grand front uni ne voit le jour. Mais ça, c’est une autre affaire. Poullori en prend acte.
(A suivre : Seydina Ousmane Diagana)
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