Comme promis, Poullori donne cette semaine sa présentation des candidats potentiels à la succession de Samba Thiam dont le départ semble à l’ordre du jour du prochain congrès des FLAMs qui se tiendra à la fin du mois de mai en France. Les commentaires de Poullori seront basés sur l'histoire du mouvement et surtout ce qu’il symbolise. Car ce dont il s’agit ce n’est pas une chose banale : nous avons payé cher notre appartenance, notre soutien, notre proximité ou notre sympathie pour un mouvement qui se bat pour que la place des noirs ne soit pas négligée en Mauritanie. Donc changer la direction d’un tel mouvement doit tenir compte de beaucoup de facteurs dont principalement les aptitudes, les caractères, les tempéraments… de ceux qui vont avoir à assurer la continuité. Ce principe est valable même dans l'hypothèse où finalement Samba Thiam viendrait à rester à la tête du mouvement. Les FLAMs ont besoin de tous les bras et de tous les cerveaux qui se battent pour les mêmes objectifs même s'ils ne s’aiment pas, même s'ils ne se supportent pas. C’est pourquoi, Poullori commence ce panorama par des hommes de grande valeur, qui ont beaucoup donné aux FLAMs et qui y ont plus que jamais leur place.
- Oumar Moussa Ba.
" Je n'ai pas fui la dictature de TAYA pour en accepter une autre ! ", C’est par cette sentence amère OMB justifie sa démission des FLAMs le 19 mai 2006. Il faut dire que le vice président du mouvement s’était vu notifier une suspension de trois mois pour avoir osé se rendre en Mauritanie après la chute du dictateur Ould Taya (contrairement à la lettre du secrétaire à lorganisation, des membres éminents du mouvement se sont rendus en Mauritanie avant et après). Dans le courrier de notification de la suspension, le secrétaire à l’organisation qualifiait de "vacances joyeuses" ce qui était en fait un voyage pour aller se recueillir sur la tombe d'une mère ; de plus, dans la même période, les mauritaniens cherchaient à organiser le futur après la nouvelle donne consécutive au renversement du dictateur honni. La sanction paraissait d’autant plus lourde qu’à l’épuisement de la suspension, OMB n'a pas été réintégré dans ses fonctions de vice président. Cette décision faisant suite à la fin de non recevoir réservée à sa lettre de recours de la décision de suspension, OMB jugeait qu’il n’avait plus rien à partager avec ses compagnons qui le bannissaient.
Pourtant, OMB a donné au moins autant, si ce n’est plus, que tous ceux qui ont décidé de le mettre en quarantaine d’un mouvement qu’il a fondé avec d’autres. Membre de la famille de l’éducation nationale, Oumar Moussa Ba a vécu aux premières loges les événements identitaires de 1966 avant de devenir trésorier de l'UDM, une des entités ayant fondé les FLAMs. Rescapé du mouroir de Walata, OMB préside le 3eme congrès des FLAMs qui porta Samba Thiam à la tête du mouvement. Devenu Secrétaire Général puis Secrétaire Général de la section Europe OMB occupera le poste de vice président des FLAMs jusqu’à sa démission.
Homme pondéré, consensuel et ouvert, Oumar Moussa Ba n'en est pas moins intransigeant quand il s’agit de défendre la vision d'une Mauritanie plurielle et égalitaire. Il n’est dès lors pas surprenant qu’un de ses ouvrages largement diffusé porte le titre de Noirs et beydanes en Mauritanie : l’école creuset de la nation ? Cette idée qu’il se fait de la Mauritanie pourrait être décisive dans le tournant qu’amorcent les FLAMs, 28 ans après leur création. En effet, alors que le mouvement souffre d'une campagne de diabolisation savamment entretenue par les services de renseignements mauritaniens noyautés par les franges les plus nationalistes et les plus racistes de l’aile arabe, une vision consensuelle et ouverte tout en restant ferme et inflexible sur les fondamentaux (justice, égalité, partage juste des responsabilités et des pouvoirs entre toutes les nationalités…) aurait été d’un grand secours. Seul hic et il est de taille : Oumar Moussa Bâ a démissionné du mouvement en 2006 pour se réfugier dans une mosquée. Va-t-il troquer son chapelet contre un bâton de pèlerin et par le fusil du combattant pour la cause qui le fait courir depuis près de 50 ans ? Cinq ans après, les FLAMs vont-elles se surpasser et faire la paix avec un homme qui leur a tant apporté et qui a encore tant à apporter ? Les FLAMs qui savent que les motifs de l’exclusion de Oumar Moussa Ba auraient pu s’appliquer à d’autres (Kaw Touré et Ibrahima Sall en tête) auraient tout à gagner à sonner le rassemblement en ramenant à la maison tous les fils prodigues qui sont autant d’enfants prodiges. Poullori qui se méfie des certitudes pense que cette hypothèse est très peu probable, hélas pour la cause.
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Courrier des Flams justifiant la mise en quarantaine de Oumar Moussa Ba.
1- Le fait accompli :
Le lundi 6 Février 2006, le camarade Oumar Moussa Bâ a adressé au Président des FLAM, par e-mail, une note laconique qui disait : « Bacc, j’ai décidé de partir en Mauritanie. Donne-moi tes recommandations ». Le Président l’appelle pour en savoir davantage sur cette décision pour le moins inattendue. En fait d’explications, le Président s’entendra dire qu’il s’agit d’une «affaire privée» à propos de laquelle le Camarade Oumar Moussa BA estime qu’il n’a besoin de l’avis de personne. Quand le Président l’a contacté, le camarade avait déjà pris son billet, averti ses “parents” en Mauritanie de son arrivée et commencé à recevoir les «commisssions» pour le pays.
2- Le refus du compromis :
Le camarade Oumar BA n’a voulu rien concéder ni au président qui lui a demandé de reculer la date de son départ (en lui proposant si nécessaire le remboursement du prix de son billet) pour permettre une meilleure concertation sur le sujet, ni aux intermédiaires dépêchés auprès de lui par le Président qui ont tenté en vain de l’amener au moins à changer l’itinéraire de son voyage. C’est pour entourer ce voyage d’un peu plus de discrétion qu’il lui a été même proposé de passer par le Sénégal au lieu d’arriver par Nouakchott, avant de se rendre à Bababé pour repartir par Nouakchott.
Ce refus de compromis, le Camarade Oumar BA le confirmera encore à l’occasion de la réunion du Bureau Exécutif National convoquée expressément ce 11 Février 2006 pour la circonstance. D’ailleurs, Oumar Moussa BA ne terminera pas la réunion prétextant qu’il avait des visiteurs venus lui faire leurs « aurevoirs ».
3- Un acte qui discrédite :
Jamais avant Oumar Moussa BA, un membre en fonction du BEN ne s’était rendu en Mauritanie. Cette initiative personnelle crée ainsi un dangereux précédent en ce qu’il ouvre la voie à toutes les indisciplines. Les premiers responsables sont de fait des modèles dont les comportements devraient pouvoir inspirer les militants de base.
Ce voyage en Mauritanie constitue une violation flagrante des principes fondateurs de notre Organisation que sont le renoncement, la discipline, l’humilité et la crédibilité. Par ailleurs n’est-ce pas un soutien éloquent qu’il apporte aux nouvelles autorités putschistes et à tous ceux qui prétendent, contre l’avis des FLAM, que le processus en cours en Mauritanie est suffisamment crédible pour que tout le monde rentre ? Puis, quel crédit peut-on avoir encore auprès des refugiés et les déportés auxquels on recommande le refus de tout retour clandestin, s’ils s’aperçoivent qu’un responsable de premier plan des FLAM n’hésite pas à s’offrir des vacances joyeuses au pays ? Enfin, cette malencontreuse visite en Mauritanie est tout simplement choquante sur le plan éthique : un aller-retour paisible en exil !
Conclusion :
Il est du devoir de chacun de nous d’assumer la sincérité de notre engagement. Nous avons choisi les FLAM, nous avons l’obligation d’en accepter les contraintes disciplinaires. Parce que l’idéal que nous poursuivons en vaut la peine.
La lutte doit continuer.
Le Secrétaire National à l’Organisation.
Ibrahima Mifo Sow
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