mardi 15 février 2011

Internet et culture citoyenne en Mauritanie.

Avant toute chose il faut corriger une faute extrêmement grave pour l'histoire de la liberté d'expression en Mauritanie. Si Cridem a fait quelque chose, il est loin d'être le plus important, le premier ou le seul. Avant cridem il y avait Le Calame, Al Bayanne et même Mauritanie Nouvelles et d'autres journaux qui eux produisent (pas seulement une revue de presse) et dénoncent les abus du pouvoir.
Ensuite sur le net il y avait Mauritanie net si vous vous souvenez bien vers la fin des années 1990. Tout le monde allait sur ce site pour dénoncer les abus de la dictature de Ould Taya et d'autres pour la défendre. Il y avait des échanges houleux et très riches. Nous avions hâte de nous y retrouver. Il faut rendre à César ce qui est à César: Mauritanie-net est le vrai pionnier de la presse électronique libre en Mauritanie. C'est l'ancêtre, le doyen. Et seuls ceux qui ont accédé au net récemment peuvent ne pas le savoir (et il y en a beaucoup).
D’autre part, Il y eut dans la même période le site FAAS tenu avec courage par Mohamed Dogui. Ces deux sites étaient de vrais espaces de liberté d'expression et de diversité. C'est sur eux que la culture du débat et la citoyenneté des mauritaniens se sont vraiment forgées. Les contributions étaient de très belle facture et les débats de haut niveau. On apprenait vraiment quelque chose en allant sur ces sites.
Il ne faut donc rien exagérer en faisant d’un site plus que ce qu’il est. Cridem est né après Mauritanie-net, FAAS, OCVIDH, AVOMM et surtout après les journaux en place en Mauritanie et les Cavaliers du Changement. Toutes choses qui ont lentement préparé la chute de la dictature et la culture des mauritaniens.
Concernant la diversité des sources d’information, des supports et la censure, l’offre est aujourd’hui si importante qu’il est incompréhensible que les mauritaniens restent dépendants et accro à un seul support. C’est comme si on se mettait la corde au cou. Si nous contribuons à l’essor des autres supports (sites) on obligera tout le monde à jouer le jeu et à publier une information diversifiée et équilibrée car chacun se dira que s’il ne publie pas une information, les lecteurs pourraient le retrouver sur les sites concurrents et ce ne sera pas bon pour son image. Bien sûr je ne parle pas des sites d’opinion qui eux ont choisi de diffuser une information orientée et c’est normal (sites des partis, des mouvements, des organisations…). Il y a aujourd’hui au moins Taqadoumy, Points Chauds, Kassataya (et d’autres sites que je connais moins) qui font la même chose que cridem (offrir une revue de presse avec de temps en temps des articles, reportages produits par eux-mêmes). Taqadoumy a un plus parce qu’eux publient des choses de leurs propres sources et moyens. Si vous voulez vous informer vous avez aussi ANI, Sahara média, alakhbar, Points Chauds… qui font plus de la production que « forum » et sont moins interactifs (donc moins de tribune ou libre expression mais on s’informe).
Il y aussi beaucoup de blogs comme chezvlane (le pauvre !), canalh, poullori (quand-même !),  tous les trois chez blogspot.com, sans oublier hautetfort d’Ely Moustafa. Dr Kleib et souslatente très intéressants semblent sommeiller mais étaient très intéressants. Il y en a beaucoup d’autres : les sites des organisations de défense des droits de l’homme (ocvidh, avomm) ; ma liste n’est donc pas exhaustive.
La censure fait toujours mal. Mais il n'est pas normal que cette pratique puisse se poursuivre aujourd'hui. Je n'ai pas suivi l'affaire dénoncée par Vlane et Ould Bettar et je ne sais pas si vraiment cridem a censuré ou si c'est juste autre chose (je sais qu’ils n’ont pas publié mon dernier post sur http://www.poullori.blogspot.com/: Lutte contre la gabegie : quel lien entre ould Abdel Aziz, Biram ould Dah et la SOMELEC ? C’est en tout cas troublant et va dans le sens des accusations de Vlane).
Tout ce que Poullori sait c'est que ceux qui essaient de censurer se trompent. Le cher Diko dit qu’il n'a jamais censuré! Poullori est désolé mais au moins Diko l’a censuré et il a fait quelque chose d'encore plus condamnable: Poullori lui a écrit en privé pour le lui faire savoir et notre Diko a essayé d'utiliser ça contre Poullori en s’empressant d’aller le publier comme gage de loyauté. Frère Diko n'a pas besoin de ça. Poullori poursuit les mêmes objectifs que lui et que tous ceux qui combattent les injustices. Poulori a peut-être des leçons de militantisme à recevoir mais certainement pas de ceux-là qui s’agitent dans un bocal en ne s’appliquant pas ce qu’ils voudraient appliquer à d’autres. Plus surprenant encore, Poullori voyait les réponses à ses messages sur certains sites qui ont décidé de le censurer (le comble !). Alors quand on doit parler de liberté d'expression il faut commencer à balayer devant sa porte et ne pas utiliser les sites comme des outils de propagande: je ne publie que ce qui m'est favorable et seulement ceux qui sont d'accord avec moi. Ou alors je décide d'ignorer royalement même les débats d'idées alors j'ignore aussi les réponses et les réactions.
A bas la censure !
Et pendant ce temps, Biram Ould Dah croupit en prison. Les esclavagistes agissent en toute impunité, les négro-africains crèvent la dalle et se mangent entre eux, les tribus arabes qui n’ont pas fait allégeance aux puissants du moment tirent le diable par la queue. Les marmites des pauvres restent désespérément vides. Quelques profiteurs égoïstes tirent leur épingle du jeu en s’asseyant sur leurs principes et en baratinant leur monde avec des professions de foi (liberté d’expression, démocratie, liberté, égalité, fraternité, honneur, justice, couscous we yak enou’ ou tutti quanti). Le monde arabe est en ébullition et met dehors dictateurs et prévaricateurs. Et Allah est toujours le plus fort.

Poullori Galo

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