mardi 17 mai 2011

FLAM, les hommes qui peuvent compter: Abdarrahmane WONE dit Ndiawar.


Abda Wone aime à se présenter comme le fils de la résistance ou benjamin comme le surnommaient les ainés de Dakar. C’est dire que le jeune Abda Wone a baigné très tôt dans le milieu de l’affirmation de l’identité noire en Mauritanie ou, s’il faut le dire autrement, de la cohabitation juste des communautés en Mauritanie. Comme beaucoup de mauritaniens victimes du règne de Ould Taya le funeste, c’est dans l’exil que le jeune Abda Wone va développer sa conscience politique en militant de façon ardue au sein des FLAM. Le jeune Abda Wone évolue alors à l’ombre de certains grands penseurs de la lutte pour l’égalité en Mauritanie. Parmi eux, Saïdou Kane dont il se présente comme un disciple. Abda Wone fréquente aussi les camps de réfugiés et les milieux où se retrouvent les exilés politiques, notamment la cité universitaire de Dakar.
Année 2000, Abda WONE s’installe aux USA en même temps qu’une bonne partie des cadres de l’organisation. Désormais loin du terrain et des camps de réfugiés, le jeune Abda Wone développe son carnet d’adresses en multipliant les contacts avec les milieux afro-américains et sud-africains où il aurait de bonnes entrées. Ce féru de communication prend en charge celle de la section Amérique du Nord des FLAM. Les manifestations du mouvement sont alors largement médiatisées.
Mais en 2006, Abda Wone se retrouve brusquement presque seul après la démission des rénovateurs suite au congrès de Cincinnati. De nombreux observateurs pensent qu’il suivra ceux dont il est sans doute le plus proche. Son cœur balance semble-t-il mais il finit par rester dans la formation qui l’a façonné.
Les années passent et les blessures du congrès de Cincinnati cicatrisent mal. Abda Wone n’est plus en odeur de sainteté et ses relations avec le président Samba Thiam ne sont plus ce qu’elles étaient. Abda Wone traverse alors le désert en connaissant une sorte d’isolement politique. La solitude du recalé en somme. Désormais presque sans responsabilités au sein de l’organisation malgré son poids médiatique, Abda Wone poursuit son combat autrement, en multipliant les sorties dans les médias et les contacts avec les réfugiés. C’est lui qui, avec le concours de victimes directs de la dictature d’Ould Taya, introduisit en 2007 une plainte contre le colonel réfugié au Qatar depuis sa chute en 2005.
Toutefois, sur le plan du positionnement politique, le profil d’Abda Wone n’est pas facile à dresser. Il se classe certes dans la lignée de ceux qui étaient ouverts aux autres et à la discussion. Mais quelle est sa vision politique ? Où entend-il mener les FLAM ? Comment ? Avec qui ? Avec quels moyens ? Au-delà des manifestations médiatiques et de l’ambition, quel projet propose-t-il ? Tout juste sait-on qu’il demeure sensible aux sirènes de l’ouverture et de l’unité de l’opposition qu’il résume dans sa métaphore du bal qui symbolise à ses yeux l’unité de l’opposition et la réunion «autour d’une même table, de toutes les forces vives de la nation», pour faire naitre cette «Mauritanie non raciale, multinationale et démocratique»(interview au Refus). Vaste programme et vœu pieux !
Abda Wone a sans doute quelques atouts dans sa manche. Ses contacts et son positionnement lui permettraient sans doute d’ouvrir le mouvement à des segments qui lui tournent encore le dos. Ils lui assureraient également le soutien d’organisations afro-américaines et sud-africaines mais Abda Wone devra se défaire de quelques obstacles et non des moindres.
Le problème de l’expérience. Même s'il a été élevé dans et par les FLAM, il lui sera difficile de faire face à la légitimité que les plus anciens pourraient lui opposer. D’autant qu’Abda Wone souffre de n’avoir jamais exercé de responsabilités à un niveau lui permettant de défaire les pièges propres à l’exercice d’une fonction de cette nature. Il lui reste cependant une chance de réduire la portée de ce handicap en opérant un rapprochement vers certains éléments importants des FLAM en mesure de lui apporter le soutien à même de l’aider à surmonter l’obstacle.
Le second problème sera celui du poids au sein de l’organisation. Abda Wone était surtout proche de la sensibilité des modérés qui sont presque tous partis avec la scission de 2006 après le congrès de Cincinnati. Son isolement au sein de l’organisation le met en mauvaise posture s’il devait se lancer dans cette bataille de la présidence.
Et comme pour ne rien arranger, le congrès se déroule cette année en France où ses concurrents potentiels semblent mieux implantés que lui. L’appareil du mouvement lui fera cruellement défaut. Abda Wone, combien de divisions ?
Mais si l’esprit devait vraiment être à l’apaisement et à la réconciliation, Abda serait une belle carte pour les FLAM. Il pourrait très bien incarner l’ouverture vers les autres formations et cet esprit conciliant et de franche collaboration. Son image d’homme de rassemblement lui vaut un a priori favorable surtout en dehors du mouvement où il semble jouir d’une grande popularité. Reste à savoir quel usage les FLAM ont réellement envie de faire de ces qualités.

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