lundi 16 mai 2011

FLAM, les hommes qui peuvent compter : Ibrahima Mifo Sow



Ibrahima Mifo Sow a été pris très tôt du virus de la lutte contre l’injustice et les discriminations en Mauritanie. Membre du MEEN où il aurait été introduit par Moustapha Ngaidé dès les débuts des années 1980, Ibrahima Mifo Sow fait son parcours aux côtés de jeunes étudiants comme Amar Abdoulaye Ba, Oumar Silèye Ba, Salah Edine Sy, Kébé Moussa (paix à son âme), Sao Aly Saidou, Aly Kane, Mamadou Abdoul Kane, Oumar Sy, Sem Amadou Demba du lycée technique, Cheikh Oumar Ba, People ou Alassane Gueye, ou encore son cousin de Djeol, Amadou Alpha Bâ (tous mériteraient une note de présentation mais le temps fait cruellement défaut). Le garçon est travailleur et prometteur. Il sait aussi se donner les moyens de l’action et investir dans le combat qu’il a choisi. Il côtoie des hommes qui vont contribuer à sa formation politique. Feu Saidou Kane (paix à son âme) en est. Ibiraahiima Abu Sal aussi. Les fondateurs des FLAM marqueront profondément Ibrahima Mifo Sow. Les sacrifices sont importants : classes désertées, examens compromis. Les conséquences aussi : certains se font renvoyer comme Oumar Silèye Bâ de l’ENS. Ibrahima Mifo se retrouve le jour de l’examen devant un sujet sur la littérature maghrébine. La surprise est de taille : plongé dans la préparation du congrès constitutif de l’UNESM Ibrahima Mifo ne s’était jamais rendu au cours dispensé par un professeur visiteur. En contrepartie, les conférences et les séminaires de formation politique accroissent sa connaissance des enjeux de la lutte.
On comprend mieux dès lors la solidité de sa formation politique et la profondeur de son engagement. Il faut ajouter à cela, le fait d’avoir côtoyé des symboles de la lutte des noirs en Mauritanie. Quand on approche Seydou Kane, Ibirahiima Abu Sal, Murtudo Joob, Ibrahima Moctar Sarr, Ly Jibril… on est sûr d’être outillé pour livrer une bataille longue, hargneuse où les cadeaux sont rares, voire inexistants.
Devenu, professeur de français au lycée de Sélibaby, Ibrahima Mifo Sow inaugure de nouveaux rapports avec la police mauritanienne. Un premier accrochage remonte à 1984. A la suite d’un mouvement de grève organisé par des élèves du lycée de Sélibaby, il est appréhendé et accusé d'en être un des instigateurs, en raison notamment de ses amitiés coupables avec Seydou Kane qui venait de séjourner dans la capitale du Guidimakha. Ibrahima Mifo sera de nouveau arrêté en octobre 1986 par la police du dictateur raciste Ould Taya qui venait de lancer la grande chasse aux noirs de Mauritanie et qui venait d’exécuter trois officiers accusés de complot. Dans le même temps, à Kaédi, des jeunes lycéens sont poursuivis pour avoir préparé un mouvement de grève. Quelques jeunes de Djeol, village d’origine de Ibrahima Mifo y sont aux côtés des jeunes lycéens de Kaédi. Quelques uns sont arrêtés. Parmi eux, Alassane Ali Dia, meneur de grève et un des rares à rester en détention après la libération des autres. L’association culturelle et sportive de Djéol voit une vingtaine de ses membres, dont Kaw Touré, se faire arrêter et conduire au poste. Le jugement prononce des peines allant de 2 à 6 mois de prison. Ibrahima Mifo en prend pour six mois en même temps que Alassane Ali Dia ; son futur camarade du bureau des FLAM Kaw Touré en prend pour quatre.
Mais pudique, Ibrahima Mifo n’en fera pas un trophée et ne s’extasiera pas sur une pseudo conscience politique précoce. Il sait le fait tristement banal et ordinaire sous Oud Taya. Pas de quoi fonder un mythe là où d’autres ont donné plusieurs années voire leur vie.
S’ouvre ensuite un long exil pour le professeur de français qui s’installe dès 1987 en Côte d’Ivoire pour quelques années avant d’atterrir aux USA. Une section est ouverte en Côte d’ivoire. Avec l’aide de Gorgui Sarr et Abdoul Aziz Kane, Ibrahima Mifo renforce le front et parcourt la Côte d’Ivoire. Il en fera de même plus tard avec le président Samba Thiam venu parcours le pays de Houphouet Boigny où ould Taya avait tenté un travail de sape.
Ibrahima Mifo est un homme mystérieux et difficilement pénétrable. Ce qui ne l’empêche pas d’être courtois. En plus d'être intellectuellement de commerce facile, l'homme est méthodique et rigoureux. Il est la cheville ouvrière de l'Organisation ; celui qui organise les cellules depuis la base. Il est aujourd'hui une pièce maitresse, un élément incontournable dans ce qui sera l’avenir du mouvement.
De plus, Ibrahima Mifo Sow qui aime le travail de l’ombre, loin des lumières et des fanfares est un homme qui peut faire consensus. Ibrahima Mifo est en effet un homme discret et effacé, qui fait son travail loin du bruit et de l’ostentation. Ses détracteurs ont beau jeu de lui reprocher son exil ivoirien et le long silence qui s'ensuivit. Mais le même reproche peut être fait à beaucoup d’autres. Les CV ne sont pas des courants continus sans interruption. Peut-on raisonnablement reprocher à un militant qui a donné quand il le fallait, de s’accorder un répit soit pour laisser d’autres montrer leur talent, soit tout simplement pour se construire financièrement et socialement ? Ce combat ne nourrit pas son homme et il n’est pas facile de mener de front et en parallèle la guerre contre les injustices et la guerre contre la marmite. Et le passage en Côte d’Ivoire n’a pas été si inactive que ça.
Ibrahima Mifo Sow a longtemps jouit de la confiance du camarade président Samba Thiam. Sa connaissance des instances et du fonctionnement du mouvement, sa foi en ce combat qu’il a épousé depuis près de trente ans, son tempérament et ses positions le plus souvent équilibrées en font un présidentiable crédible. Le fait qu’il ait évité les luttes fratricides et les combats de clans seront un atout pour rapprocher toutes les sensibilités de la lutte pour la justice en Mauritanie. On voit mal comment il pourrait échapper à ce destin dans un proche futur. Si les choses devaient se passer suivant les normes et la logique des intérêts du combat, Ibrahima Mifo Sow fera partie du podium des présidentiables des FLAM lors du prochain congrès si, comme cela semble se confirmer, le président Samba Thiam rendait le tablier. Si Samba Thiam devait rester, Ibrahima Mifo devrait quand même rester la pièce centrale qu’il a été jusqu’ici.


2 commentaires:

  1. C bizzare poullori commence vraiment `séduire avec ces hisoires , ces trajectoires anodines , qui d'ailleurs révéllent que les flamistes ne sont pas n'importe qui et de surcroit leur combat pour la justice ne date pas d'hier. En tout cas en qui me concerne , je suis vraiment epaté par ces ainés qui ont compris trés tôt la logique de la lutte contre l'arbitraire sous toutes ses formes.Qu'Allah vous préte longue vie.Amine

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  2. Il nous parrend beaucoup de choses.Belle plume en tout cas .dIEU SAIT CE QUI NOUS ATTEND MAIS TOUTES LES ORGANISATIONS AFFICHENT UNE REELLE VOLONTÉ DE LUTTER CONTRE L'INJUSTICE, L'IMPUNITÉ EN MAURITANIE.YOO ALLAH SUUR.

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